Nos pas sur le sable s’effacent

Comme nos visages dans vos mémoires
Sommes-nous encore la menace

De votre glorieuse histoire

L’histoire avec une grande hache
Qui nous retranche et qui nous trash
Nous mâche et nous recrache

Nous avons perdu notre place

Ô Canada Terre de nos aïeux
Nos femmes disparues, enlevées, violées
Ô Canada Terre de nos aïeux
Nos femmes assassinées, déshonorées, souillées
Nos enfants sous le poids du mépris
Se délestent de la vie
Si petits, si petits

Qu’avons-nous volé
Avons-nous péché

Aux yeux de vos juges

Aux yeux de vos clergés

Pour mériter l’affront perpétuel
De votre silence sans appel

Notre histoire est une épopée
Étions-nous insoumises

À ce point mauvaises
Notre histoire est une épopée
Pour justifier tant de cruauté

Étions-nous trop belles
Notre histoire est une épopée
Étions-nous trop femmes
Pour justifier

Vos gestes infâmes

Coyote aux aboies dis-moi
toi qui entends et toi qui vois
Coyote aux aboies dis-moi
où sont nos filles où sont nos joies
Dis-moi

Étions-nous à ce point
 menaçantes

Qu’il eût fallu nous arracher au ventre
L’origine même de notre existence
Nous faire disparaître

De la terre mère qui nous a vu naître

Et nos valeurs combien de fois trompées
Pourtant encore nos voix montent vers la lune

Et nos valeurs combien de fois trompées
Au son des tambours notre seule tribune

Et nos valeurs combien de fois trompées
Prêtes à reprendre la manière

De nos vaillantes mères
Et de nos aimantes grands-mères

Coyote aux aboies dis-moi
toi qui entends et toi qui vois
Coyote aux aboies dis-moi
où sont nos filles où sont nos joies
Coyote aux aboies dis-moi
toi qui entends et toi qui vois
Dis-moi

La violence est inculte
Elle rend stérile et déserte
la peur est une insulte Une semence inerte

Nous irons planter sur la terre de nos aïeux
Le germe de l’amour patient

Et nous récolterons les fleurons glorieux
Un beau matin de printemps